


« 27 Janvier 2232.
Je suis sorti du labyrinthe le 27 Janvier 2232. C'est la première date que j'ai entendu de toute ma vie. Du moins, d'après mes souvenirs. Dans le Bloc, le temps n'avait aucune prise, aucune importance. On se fichait pas mal de savoir si on était le 30 ou le 10 du mois. Qu'est ce que ça changeait, au final ? On était tous prisonniers quand même. Le 27 Janvier, tout a changé. Nous avons réussi à nous échapper du Labyrinthe. Je vous le dis en ces mots mais croyez-le bien, ça n'a pas été aussi simple. La sortie avait des allures de piège. Quand j'y repense, nous étions sans doute suicidaires. Sans la moindre conviction aucune, nous avons rejoint le nid des Griffeurs. Il faut être taré pour faire, ça non? T'en penses quoi Sonya? Je sais. Tu te dis qu'il nous manquait sérieusement un grain. Moi, je crois qu'on n'en pouvait plus. La situation était catastrophique au Bloc. Les portes ne se refermaient plus, le soir, nous étions à la merci des Griffeurs. Il ne s'agissait plus d'un jeu où nous devions trouver la sortie. Nous étions devenus des proies. Il fallait fuir. Nous n'avions plus le choix. Il fallait à tout prix qu'on s'évade de ce bordel infernal. De toute façon, nous aurions été tués par les Griffeurs, qu'est ce qu'on avait à tenter notre chance, aussi mince soit-elle ? Le 27 Janvier 2232. Crois-moi, je n'oublierai jamais cette date. Il y avait peu de survivants, certes, mais nous étions ensemble, nous avions survécus, tous les quatre. Esfir, Minho, Newt et moi. Mais je n'ai revu aucun d'eux depuis.
Lorsque nous avons atterri en dehors du Labyrinthe, nous avons découvert... Comment dire. Un océan de sable. Je ne peux rien dire de plus. Comment décrire ça? J'avais passé trois putain d'années dans un bloc entouré de verdures, je peux vous le dire, ça m'a fait un choc. C'était aride, un désert jaune et orange qui ne semblait pas avoir de fin, il faisait horriblement chaud et l'atmosphère était lourde. Nous étions tous sonnés, on ne comprenait pas ce qu'il se passait mais personne n'osait parler. Ou je n'entendais rien. Puis un hélicoptère est arrivé, avec des hommes armés jusqu'aux dents et portant des masques, ils avaient l'air de faire partie d'une armée, vous voyez le genre? Nous avons été emmenés dans un bunker immense après avoir survolés la ville qui avait l'air d'être abandonnée. Je ne savais même pas ce que c'était, une ville. Durant le trajet, nous sommes restés silencieux. Je crois.. Je crois qu'on avait du mal à réaliser. Moi, je pensais aux autres. À ceux qui étaient encore dans le Labyrinthe. J'avais envie d'hurler "Bordel mais allez les chercher, ne les laisser pas tout seul, ils vont crever de faim !" mais je n'ai rien dit. C'est stupide, j'avais peur de parler. J'avais peur que ce ne soit pas réel.
On pensait être libres, tu sais? On pensait vraiment que c'était la fin du cauchemar. On pensait que c'était fini, qu'on allait enfin nous expliquer, nous dire qui nous étions, ce qu'on devait et pouvait faire maintenant. Mais c'était un piège. Nous n'étions pas libres.
Quand nous avons compris que nous n'étions pas plus en sécurité dans le bunker que dans le labyrinthe, nous avons voulu nous enfuir à nouveau. Même si l'environnement que nous avions découvert au dehors nous semblait hostile, c'était préférable à l'horreur qui nous attendait dans ces locaux. Minho, Newt et moi étions dans la même chambre. Mais Esfir, la seule fille du groupe, avait été isolée. Soit disant pour des examens complémentaires ou que sais-je. En tout cas, on ne l'a pas vu durant les deux jours où nous sommes restés là-bas Minho ruminait, j'ai cru qu'il allait devenir fou à force de ne pas savoir où elle était.. Je crois qu'il avait fini par avoir plus que de l'affection pour elle. Écoutez. Je sais que ce qui va suivre va vous choquer mais.. Nous n'avons pas eu le choix. Nous devions partir et on ne savait pas où elle était. Qu'est ce qu'on pouvait faire? Nous avons été lâches. Nous sommes parti sans elle. Je crois que Minho nous en voulait terriblement. Mais qu'il s'en voulait à lui-même, surtout. Je ne sais pas ce qu'elle est devenu. Après quelques jours à errer dans la Terre Brûlée, il a décidé de continuer sa route seul. Je ne suis pas dupe. Je sais qu'il la cherche et qu'il n'abandonnera pas. Winston et moi avons continué de faire route ensemble. La suite, vous la connaissez. Si vous n'aviez pas été là pour nous sortir de ce merdier, je ne sais pas où on en serait. Probablement morts. Les fondus étaient trop nombreux pour qu'on puisse faire quoique ce soit. La première fois que j'ai vu la Terre Brûlée, je ne pensais pas que quelqu'un pouvait y vivre. Alors tout un groupe.. C'était impensable. Et pourtant. Je te remercie, Jo, de m'avoir secouru. Et Winston aussi. Sans toi.. Je ne veux même pas y penser. C'est pour cette raison que j'ai décidé de rester à vos cotés, tu sais? Parce que je ne peux pas supporter l'idée que d'autres subissent ce que j'ai enduré. Wicked est bon. Tu parles. C'est un ramassis de conneries. Ces scientifiques ne sont que des barbares. Ils prétendent vouloir sauver l'humanité mais enferment des gamins dans un Labyrinthe avec des bêtes sanguinaires, ils nous regardent mourir, les uns après les autres. On est des pions pour eux, voilà ce qu'on est. Je sais qu'ils détiennent des immunes, dans la Dernière Ville. J'en ai entendu parler l'autre fois. Qui sait ce qu'ils font sur eux ? Si ils étaient prêts à nous envoyer dans un Labyrinthe avec autant de cruauté juste pour tester nos aptitudes et nos capacités, je n'ose même pas imaginer ce qu'ils doivent subir, eux. C'est pour cette raison que je reste. Pour que ça cesse. Il faut que ça cesse. Plus personne ne doit souffrir à cause de Wicked, plus personne ne doit être l'esclave de cette organisation malsaine et meurtrière.
Il faut que ça cesse. Et je ferai tout pour les arrêter. »


THOMAS
