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The King is dead

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Il mourut debout, au combat, comme le guerrier qu'il se devait d'être pour la dernière fois. Car les Dieux aiment les guerriers, le sang sur la plaine, les vaisseaux-dragons et les épées rougies par la haine. En ce matin blême, où les corbeaux et les aigles invitaient à entrer dans les salles célestes, le village entier s'était hâté autour de la berge silencieuse, comme une trainée de poudre soulevant le voile de la mort. Le soleil s'était levé mais le roi ne pouvait plus le voir. Le ciel était pâle, la mer calme et les coeurs froids. Au bord de l'eau, tous les guerriers portaient une tenue de combat, un bouclier ayant connu au moins trois batailles et une épée baptisée pour ses exploits. La veuve du défunt fut la première à apparaitre au bout du chemin, la démarche digne et le corps engoncé dans des épaisses fourrures chaleureuses, elle caressait son ventre fièrement arrondi en ne cillant point face aux regards de pitié qui l'accablaient alors. Malheureuse femme, disait-on. Malheureuse femme. Quelques instants seulement après son arrivée, on commença à frapper les boucliers avec le pommeau des épées ; le bruit, semblable à mille tambours où le tonnerre semblait résonner, annonça la venue des fils du roi, qui marchaient l'un à côté de l'autre sans distinction de rangs. Ils n'échangèrent aucun mot, du moins, personne ne put prétendre les avoir entendu parler. Ils restèrent debout, silencieux et impassibles tandis que des esclaves garnissaient le bateau avec des fruits, des coussins, du pain, de la viande et une jeune femme volontaire pour accompagner son maître durant son voyage vers le royaume des Dieux, que l'on allongea soigneusement juste à côté de lui. Même lorsque le plus jeune tendit l'arc et les flèches au plus âgé, roi par droit d'aînesse, aucun son ne fut à déplorer parmi la foule rassemblée. Le pic enflammé trouva sa cible et, tandis que celle-ci s'éloignait, le feu embrasa le bois, les corps, les fruits, et tout ce que le navire funéraire portait en son creux. Soudain, venu d'on ne sait où, un vent violent et effrayant se mit à souffler, les flammes devinrent plus forte et l'intensité du feu s'accrut encore davantage, dévorant la barque qui commençait déjà à s'étioler... Sur les rives, une épée argentée et gravée de multiples runes fut déposée dans les mains d'Eldar pour que celui-ci la dépose dans les mains de son aîné. Tous deux se regardèrent longuement sans parler puis, fendant le silence qu'ils avaient imposé, le cadet hurla à plein poumon, d'une voix tranchante qui déchira l'air : « Longue vie au roi Ingvar !  » Tous reprirent en choeur cet écho, et les boucliers chantèrent de nouveau.

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« Fiers de nos ancêtres, nos navires naviguent dans leur sillon, écumant toutes les mers. Nous inspirons terreur et respect à travers l'océan ; commerçants ou semeurs de peur, nous sommes reconnus de tous, nous, Vikings que nous sommes. Nos cœurs gelés par les rudes hivers de nos contrées sont vides de toute peur ; nous ne craignons ni la mort, ni la souffrance. Tandis que votre Dieu unique tente de vous protéger, nos propres Dieux veillent sur nos crânes ; vous ne pouvez rien faire contre notre puissance. Nous avons su vaincre l'hostilité de nos terres et l'inhospalité des vôtres. Nos divinités sont derrière nous ; nos prières et nos sacrifices ont toujours payé et jamais vous ne nous verrez reculer. À la Gloire d'Odin, votre sang, chrétiens, sera versé. »

We fight because we don't think how to die quietly.

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All Hail The King Ingvar Bloodaxe !

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Le jour suivant, à l'aube, la pluie avait cessé. La forêt brillait d'un vert éclatant, une forêt tout aussi clairsemée que profonde, impénétrable et mystérieuse. Les premiers rayons d'un soleil sans chaleur jaillissaient par toutes les failles et les fêlures qu'ils y découvraient. Le vent frappait ses lisières et secouait ses tiges en un tourbillon de verdure qui ployait dans son dos, lui tirant une révérence à laquelle il n'était pas encore tout à fait coutumier, et qui, bientôt, disparaîtrait sous la glace. Car c'est ici que commençait le pays de l'Éternel Hiver, où le printemps ne pénétrait jamais. Le vent glacial du nord venait mordre son visage et secouait la longue tresse ornée de liens en cuir noir qui léchait le bas de son dos, mais impassible face aux menaces des rafales glacées, il demeurait au bord de la falaise, les yeux rivés sur les montagnes au loin, dont le brouillard blanc dissimulait les plus hauts sommets. En contre-bas, le village s'éveillait à peine et une fluette effervescence agitait déjà les allées ; l'on entendait le rire tintant des enfants jouant dans le petit matin, les bêtes amassées en troupeaux derrière un berger qui s'éloignait et les voix grondantes du port tonnant les mérites des marchandises que l'on débarquait des immenses navires venus des quatre coins de la Scandinavie... En silence, il observait le jour qui se levait, étouffant la nuit dans son étreinte dorée, animant la terre qui était sienne désormais. Mais au-dessus de son crâne ceint, les corbeaux planaient, croassant de triomphe à sa gloire. C’étaient eux, les vrais vainqueurs. En ce jour, mère Guerre, la mère des Corbeaux qui rassemblaient les morts, pouvait danser au son du parricide que l'épée du fils avait durement tranché. « Roi Ingvar Hache-Sanglante... Te voilà couronné de succès. » L'aimée des Dieux, la Völva, la confidente du Destin, se tenait derrière lui, enveloppée dans des voiles noires qui recouvraient presque entièrement son visage. Sa voix, bien que tremblotante par la vieillesse, avait conservé une malice déroutante, qui insinuait autant la peur que le doute dans le coeur des guerriers qui l'entendaient, et il n'osa s'en retourner vers elle, de peur d'y croiser l'ombre de l'accablante vérité. « Les Dieux... Que disent-ils ? Sont-ils satisfaits ? » Brusquement, s'ensuivit un silence lourd et oppressant. Un silence que le vent osait à peine troubler, laissant en berne les feuilles des arbres que la brise hivernale avait bafoué. Seul le vol des becs noirs brisait cette apparente quiétude ; les croassements lugubres des volatiles parurent soudainement assourdissants, porteurs d'un message qu'il n'était pas en mesure de déchiffrer. Hésitant, il jeta une oeillade par-dessus son épaule et découvrit que la Völva avait disparu, sans bruit, sans mot, elle s'était dissipée dans le vent qui continuait de hurler. Des pans de l'épaisse fourrure d'ours qui recouvrait ses épaules, il sortit la grande épée gravée de runes nordiques, dont la lame blanche et pure donnait l'impression qu'aucune main n'avait encore souillé son éclat ; il l'observa un moment, détaillant minutieusement les fragments et les précisions de l'arme transmise au fil des générations, et qu'il espérait concéder à son propre fils ou sa fille, un jour. Glissant ses paumes de chaque extrémité du fer froid, le Roi l'offrit au ciel et, tandis que les corbeaux continuaient leurs boucles et leurs croassements au-dessus de sa tête couronnée, uniques témoins de la scène, il déclama un serment que nul obstacle ne pourrait entraver : « Mon sang pour Thor, mon épée pour Tyr, mon coeur pour Freyja, ma vie pour Odin... Et ma gloire pour le Denmark !  » 

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I will always honor my Ancestors. I will always impress my Gods. I will always respect Nature. I will always speak my Mind.

I will always stand my Ground. I will never stray from Honor. I will never break an Oath. I will never be ashamed.

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