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When love is real, it finds a way

If it is real, it will never be over

Lady Dovna Dimitriovna Volkonskaïa & Eldar Magnarsson

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Étrange volonté du ciel, qu'il abrite des divinités diverses ou un dieu unique, de réunir deux coeurs aux croyances si distinctes, que la discorde aurait dû opposer. L'une est chrétienne, l'un est païen mais, alors qu'elle venait d'être arrachée à sa contrée lointaine, où son peuple, nommé comme barbare et impie, avait semé massacre et tuerie, le danois s'enticha de cette douceur mielleuse à l'accent slave qui lui soufflait un vent de calme quandtout n'était que tempête en furie. 

« Je ne comprends vraiment pas ce que tu lui trouves. » Souffla sèchement Andore en jouant avec la lame d'un couteau contre la pulpe de son index tandis que, indifférent à l'incompréhension de son comparse, Eldar affichait encore une mine ô combien réjouie : l'ébauche d'un sourire comblé animait encore le coin de sa bouche et ses yeux, si rêveurs qu'ils semblaient être couverts d'une buée amoureuse, se perdaient dans les flammes qui dansaient devant lui. Comment expliquer que ses sentiments pour elle étaient pareils au feu qui réchauffait les peaux glacées, quand la souffrance et la solitude l'ont pétrifiées ? Comment décrire cette chaleur suave qui se diffusait dans son coeur quand il l'apercevait, pas seulement parce qu'elle était incroyablement belle, mais parce qu'elle rayonnait encore plus que le soleil ? Andore ne pouvait pas comprendre et, pourtant, quelques années auparavant, lui aussi avait foulé le sol de cette terre païenne en simple chrétien mais, désormais, sa loyauté envers Odin l'empêchait d'approuver le mariage qui s'annonçait entre le prince danois et l'ancienne esclave anglaise à la foi chrétienne. Toutefois, bien qu'Eldar ne cherchait point l'approbation de son ami, car son coeur avait imposé sa volonté et nul ne pouvait l'en détourner, il songea que sa voix devait se faire entendre,  pour au moins laver l'affront faite envers sa future femme, qu'il se devait de déjà honorer. « Quand tu es arrivé, toi aussi, tu priais ce dieu unique auquel ma fiancée croit, je t'ai même coupé une phalange pour ça, alors je comprends que mon mariage avec elle te surprenne... Comment pourrait-il en être autrement ? J'aimerais te l'expliquer, Andore. Te donner les raisons, te dire le pourquoi, mais c'est inexplicable. Je n'ai pas la raison de cet amour, ce sont les Dieux qui l'ont. Ils ont décidé qu'elle viendrait en notre terre et qu'elle me suivrait, ils ont décidé de croiser nos chemins, d'entremêler nos coeurs et de lier nos mains ! Et tu sais, certains vont me plaindre parce que j'épouse une chrétienne, mais elle est bien plus que cela. Elle est intelligente, si intelligente, pas seulement d'esprit, mais aussi de coeur. Quand elle m'a regardé, elle a vu qui j'étais ; pas le païen, pas le guerrier, pas l'illettré, mais moi. Et quand je l'ai vue, j'ai aperçu son coeur, il était doré et brillant, j'ai aussi regardé ses yeux, je n'y ai vu aucune malignité, je me suis penché sur sa bouche, j'ai découvert un monde de douceur dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence, et qui me tendait les bras. Tu sais ce qu'est un ange, n'est-ce pas ? Alors, Andore, dis-toi que je suis amoureux d'un ange. »

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« Votre réponse me comble de joie, je n'ai jamais ressenti pareille euphorie ! Et croyez-moi, j'en fais la promesse devant mes Dieux,

je ne ferai jamais rien qui puisse vous faire souffrir ! Vous m'êtes trop précieuse, Dovna, tu m'es trop précieuse... »

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pour des siècles et des siècles

jusqu'à ce que la mort nous sépare

« Je n’ai jamais pu offrir à mon défunt époux ce qu’il demandait ardemment… Non pas de l’amour, ni de la tendresse, qu’il allait volontiers chercher ailleurs, mais une descendance pour perpétrer son nom. Malgré ses efforts, trois ans d’union n’y suffirent pas… Mes prières au Ciel ne furent pas entendues. Je désespérais de voir mon ventre s’arrondir, au point de parfois m’en convaincre au moindre symptôme, en vain… Et tantôt je désirais plus que tout au monde serrer un jour contre moi un enfant, tantôt je frémissais d’horreur à l’idée qu’il fût la chair et le sang d’un homme si abject… Peut-être eût-il été plus clément, si j’avais pu satisfaire cette seule requête. » Dovna se tut un instant, le temps d’inspirer une profonde bouffée d’air. Seulement, l’on devinait aux tremblements qui agitaient son menton que la mention de sa plus grande angoisse était encore à venir : l’échec de ses précédentes noces était un fait du passé, à propos duquel elle s’était promis de ne plus se tourmenter autant. En revanche, elle s’inquiétait grandement de la portée de ses aveux sur Eldar, qui avait exprimé à plusieurs reprises son vif souhait de fonder une famille. Elle releva alors la tête vers lui, les sourcils douloureusement froncés, et les yeux emplis de larmes sans qu’elle ne pût contrôler les émotions qui sillonnaient son visage blêmi. « Je veux tant être mère à présent, et d’autant plus avec toi à mes côtés, mon aimé… » murmura-t-elle difficilement, la gorge nouée. « Mais qu’adviendra-t-il si je ne peux porter d’enfants, Eldar ? J’ai le sentiment irréfragable de t’avoir trahi… A quoi bon épouser une femme, une malheureuse chrétienne par-dessus, qui ne peut point donner la vie ? »

« L'aimer ? » Répondit-il tout d'abord en haussant l'un de ses sourcils avec une pointe d'amusement dans les yeux, désireux de voir apparaître un sourire, aussi maigre puisse-t-il être, sur le visage blême de son épouse rompue par la peine. « Il n'y a aucune trahison dont tu puisses te sentir coupable, mon cher ange. Comment pourrais-je t'en vouloir de m'avoir dissimulé tes doutes, quand ton premier mari justifiait ses mauvais actes ainsi... Dovna, tu es sans aucun doute bien plus intelligente que moi, je l'admets sans honte, mais tu as tort de penser que son comportement pourrait être le fruit des évènements sur lesquels tu n'as aucune emprise. Ce sont les Dieux qui donnent, c'est eux qui nous bénissent d'un enfant ou non, nous, simples hommes, ne pouvons pas nous élever contre la volonté des Dieux, c'est ainsi. Alors, tu me demandes ce qu'il adviendra si ton ventre ne s'arrondit jamais ? Je continuerai à t'aimer, à te chérir, à veiller sur toi, et je te resterai fidèle car je ne t'ai pas épousée pour assurer ma descendance ; je t'ai épousée pour mille raisons, mais pas pour celle-là. La plus importante est que je t'aime, aujourd'hui, demain, dans dix ans, je t'aime, et rien ne pourra altérer l'amour que je te porte. » Ses deux mains, quoique rendues rugueuses par le travail durement accompli, se firent caressantes et doucereuses lorsqu'elle se glissèrent dans sa nuque parfumée, et alors qu'il embrassait le milieu de son front avec tendresse, il l'appliqua finalement contre lui afin de la serrer dans ses bras musclés. Aucune rancoeur, ni aucun regret, ne s'était faufilé dans ses veines à cet instant : quand bien même leur union serait privée du bonheur d'être parents, Eldar resterait. À jamais.

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